Sous la surface

Un simple orage

Ca y ressemble.

Pas tout à fait pareil, cependant, parce que je connais l’orage. Je me tiens prête autant que je le peux, j’écope le trop-plein d’eau, je colmate et barricade, au cas où…

Je parle et je ris, je vais, je viens, je fais semblant puisque j’en ai l’habitude. Comme un automate qui s’est animé seul.

Ca y ressemble.

La même lassitude, les mêmes découragements, avec peut-être un peu moins d’amertume.

La même envie de fuir, même si cette fois je ne le ferai pas.

Et la même surprise, la même incompréhension.

Mais la résignation en plus.

Ca y ressemble.

Je pourrais, comme il y a quelques années, me laisser sombrer doucement, oublier ce qu’il reste de beau, et me faire symboliquement mourir.

Ca y ressemble.

La même douleur.

Je me réveille et c’est une vague de tristesse et d’apitoiement. Je me réveille déjà fatiguée, ankylosée, engourdie comme si j’avais traversé un long combat.

Je me réveille et je pleure. Au moins, cette fois, il ne m’a pas volé mes larmes.

La même douleur, la même personne à l’origine de cette douleur.

Je me suis encore jetée dans ses flammes comme un petit insecte imbécile. La même illusion d’une chaleur réconfortante, le même espoir d’un havre de paix qui se transforme en champ de torture.

Ca y ressemble.

Il me laisse, encore une fois, à demi morte.

Et je n’arrive même pas à lui en vouloir…

Je suis déjà morte une fois, de toutes façons. Je sais que tôt ou tard, je me relèverai.

Ce n’est qu’un simple orage dans ma vie. Juste un orage.

Et je l’aime encore, je ne sais pour quelle obscure raison.