Sous la surface

De la vie en plus

Ca fait vraiment longtemps que je ne suis pas venue écrire ici…

Je ne suis pas allée travailler aujourd’hui. Comme souvent, j’ai tellement de travail en retard que je suis obligée de m’arrêter de travailler… pour travailler !

Je n’assure pas trop au travail ces derniers temps. Je n’en suis pas spécialement fière, mais en même temps je me dis que j’en ai bien le droit, puisqu’en général je suis plutôt super sérieuse, et cela depuis toujours. J’ai bossé à l’école, j’ai plus ou moins bossé à la fac et depuis dix ans, si j’excepte l’année où j’avais envie de crever, je m’investis dans mon taf. J’ai plus que droit à une pause…

Je ne fais pas vraiment de pause, d’ailleurs. Simplement, je me ménage un peu. Ma psy me le conseillait. Je la regrette vraiment, je me demande ce qu’elle dirait de tout ça…

Je me ménage, parce que je n’ai pas la tête au travail. Et j’ai envie de savourer ces sensations que je croyais perdues à jamais.

H est toujours dans ma vie. Je ne sais pas trop comment, je ne sais pas trop pourquoi. Parfois il est génial, parfois c’est un gros con. Du coup, je suis ballotée d’un extrême à l’autre sans avertissement. Et même si parfois j’ai plus que mal, même si ça fait se relever en moi ma colère originelle et que ça brûle de l’intérieur, j’aime ça.

Je pensais être morte de l’intérieur, indifférente et tellement loin des autres, dans mon armure bien scellée. Et il me redonne vie comme il l’avait déjà fait autrefois. Le charme opère encore, et c’est ce qui m’émerveille. C’est de la vie en plus. Cette intensité qu’il génère en moi, c’est de la vie en plus.

Alors le reste… J’aurais bien le temps, plus tard, de jouer mon rôle de femme forte et responsable. J’aurais bien le temps de redevenir une machine, un monstre au coeur froid.

J’en sors, je m’en souviens.

Et puis il y a ces moments de grâce…

Petit à petit, j’ai perdu confiance en lui. Il le sait. Et souvent, je me dis qu’il ne fait que me mentir. Si bien mentir…

Mais ces moments de grâce…

Vrais ou faux, ça m’est égal. Moi je les vis pour de vrai, et ça n’a pas de prix. Des détails, des instants plus qu’éphémères. Un regard, un geste, un sourire. Un baiser sous la pluie. Une petite phrase.

C’est cette quintessence que je ne cesse de chercher. Alors peu m’importe qu’on me mente ou pas. Je la touche du bout des doigts, avec lui. Je me fous que ça ne dure pas, ces choses-là ne sont pas faites pour durer. Je me fous de détruire au passage d’autres choses moins importantes. C’est ça que je retiendrai, je le sais. Je suis assez vieille pour le savoir. Ces petits moments de grâce…

Je n’ai jamais rien construit, de toute façon. Ma vie est toute décousue, sans queue ni tête. Je n’ai rien accumulé d’autre que ces moments, dans ma tête, dans mon coeur. Ils sont ma seule richesse.

Je suis heureuse d’avoir survécu. Ca en valait la peine.