Sous la surface

Vivre libre ?

Je me suis réveillée très tôt et je suis allée à la plage avec une amie.

Je n’avais pas envie de rentrer, alors je suis retournée à la plage, près de chez moi cette fois. Je me suis baignée longuement, puis j’ai bouquiné. Je n’avais toujours pas envie de rentrer.

Et puis cet homme est venu me parler. Ce n’était pas un hasard. Apparemment une sorte d’aventurier bourlingueur, écrivain sur le tard. Etrange…

Mais il m’a dit des choses que j’avais besoin d’entendre en ce moment, peut-être…

Que les gens qui sont partis ont toujours une histoire…

Que réussir sa vie, c’est réaliser ses rêves d’adolescent.

Il avait vécu, entre autres, loin là-bas, où Arthur a vécu. Il avait vu le désert et la jungle. Il avait cherché de l’or sans en trouver. M’a-t-il dit…

Et moi ?

Moi ? Ca résonnait en moi, ça faisait boum, boum, boum dans mon coeur et ploc, ploc, ploc sous mes paupières.

C’était comme si la vie elle-même était venue s’asseoir à côté de moi pour me dire : "Enfin, E, tu sais bien que toi aussi tu fais partie de ces gens-là, de ces apatrides récidivistes, qui volent toujours plus loin ! Pourquoi tu veux t’enfermer toujours, pourquoi tu refuses ton destin, pourquoi tu veux faire partie des autres ?"

Et oui… Parce que ça aussi, au milieu de mes larmes et de ma colère, c’était sorti avec H : le déracinement perpétuel, la solitude subie depuis toujours. Ce "Toi, tu as tout, tellement de gens t’aiment ; et moi je n’ai rien, personne ne me connaît!"

Et oui… La liberté se paye cher, parfois.

Mais j’ai d’autres amours, et j’ai d’autres bonheurs, et j’ai d’autres victoires…

On ne choisit pas forcément, on naît avec. On en porte le poids, peu importe si on est sédentaire ou nomade. À chaque côté ses avantages et ses inconvénients.

Et moi ?

Aurai-je réalisé mes rêves d’adolescente ? Aurai-je réussi ma vie ?

H ne m’appelera probablement plus jamais. Mais je dois accepter qu’il ne m’appartenait pas et qu’il ne m’a jamais appartenu.