Sous la surface

Anniversaire

Je me souviendrai d’hier soir. Je suppose…

Deux heures au téléphone et une de larmes et de sanglots à ne plus pouvoir parler, à suffoquer encore et encore.

Je ne voulais pas qu’il me "voie" comme ça. Et pourtant… Pas assez forte, encore. Je me rappelle dans les pires moments avec le polichinelle, c’était pareil. Mal à en crever, mal à vouloir le crever. Et la même chose en face de moi, ou presque. Le même mur. La même indifférence, ou presque. Et le mensonge en plus.

Alors, je commence juste à réaliser… Pour avoir passé une triste nuit, penchée sur la cuvette des toilettes à vomir et l’alcool et le dégoût.

Je réalise que j’en suis au même point. Je réalise que je suis au creux de la vague. Je n’ai plus de forces, je n’arrive plus à rien. Je suis entrée depuis la semaine dernière dans une belle et furieuse dépression.

Et je ne veux pas d’un autre février 2007, seule et à deux doigts du suicide.

Alors peut-être que je ne vais pas rentrer cette année. Je pars demain pour les fêtes et je me demande si je ne vais pas clamer haut et fort que je suis à bout, et demander l’hospitalité à la famille, si je trouve là-bas un médecin assez compréhensif pour me donner un arrêt de travail.

J’ai pleuré ce matin devant la boulangerie simplement parce que j’ai pensé qu’on ne m’a jamais fêté mon anniversaire. Avec un gâteau et la petite bougie qu’on souffle. Jamais. J’en chiale encore et ce n’est pas bon signe… Normalement, je me contrefous des anniversaires ou au pire je déprime un peu parce que je vieillis. Mais vouloir le gâteau et les bougies, c’est pas mon genre…

Il y a des gens qui ont ça chaque année. Il y a des gens qui ont ça, plus leurs parents, leurs enfants, leurs amis autour d’eux. Il y en a qui ont même des cadeaux !

C’est dérisoire, mais je trouve ça très triste de n’avoir jamais eu de fête d’anniversaire…

Alors je vais peut-être rester là-bas et exiger de mes parents un gâteau et un cadeau. Après tout, c’est quand même de leur faute si je suis sur cette putain de planète. Et c’est aussi de leur faute si je n’ai pas un souvenir de gâteau avec les bougies…

Il m’a dit qu’il m’appelerait aujourd’hui. Je ne le crois plus. Il est devenu pour moi exacetement comme le polichinelle. Sauf que le polichinelle, lui, ne m’a jamais fait croire qu’il m’aimait. Et surtout, avec le passé et les sacrifices que j’avais faits pour lui, il me devait tout de même un minimum de respect. Et le polichinelle, lui, ne me devait pas plus que le strict minimum.