Sans compromis
J’en ai versé des larmes sur cette chanson que j’aurais voulu détester, par principe. Mais encore une fois, il avait visé juste. Ses mots, ses notes : tout collait parfaitement à ce que je ressentais. Et puis, ce ton m’avait accompagné depuis mon adolescence. Générationnel, peut-être. C’était juste, ça appuyait pile là où ça faisait mal.
Je me débats encore avec les débris de mon rêve.
Il est là, à l’affût de la moindre de mes faiblesses, me semble-t-il. Il me fera du mal encore si je lui en laisse l’occasion. Mais c’est difficile de me défendre, parce que c’est lui ma faiblesse.
Alors je ruse. Je distille ce qu’il faut de vérité pour emmêler le mensonge. C’est à mon tour de jouer ce jeu. Je sais le faire, j’en connais bien les règles. Seulement, je ne sais pas si j’arriverai à le mener jusqu’au bout. Je ne sais même pas si j’en ai vraiment envie.
C’est une question de survie, quelque part. Je pourrais bien finir par en mourir pour de bon si je n’y prends pas garde.
J’ai choisi la fuite. À nouveau…
J’avais bien dit que de lui je ne me défendrai pas. Je l’ai quand même fait, un peu. Instinct de survie probablement. Mais je me suis épuisée et j’ai atteint mes limites la dernière fois. Et je versais des milliards de larmes en écoutant cette chanson, et je ne dormais plus, et je pleurais partout, pour rien, sans avertissement. Et sa voix tourmentée me tourmentait. Je n’avais plus vraiment la force, je n’avais plus vraiment le choix, je n’avais plus aucun espoir.
Alors… J’ai choisi la fuite.
Ma solution miracle, depuis toujours. Un tour de passe-passe, et je ne suis plus là ! Hop ! Magique…
Le problème aujourd’hui, avec ma solution miracle, c’est qu’il la connaît, puisque c’est une carte que j’ai déjà jouée avec lui. Ca fait longtemps déjà, mais il s’en souvient. Il sait que c’est ce que je suis en train de faire et il ne me laissera pas partir si facilement cette fois. Et surtout… Je ne suis pas tout à fait sûre de le vouloir vraiment.
C’est bien ça tout le problème : je ne sais pas si je veux vraiment le tenir à distance. J’en ai tellement souffert la dernière fois, j’ai tellement regretté.
Je suppose que ce sera différent. C’est lui qui m’a fait mal cette fois. Lui et lui seul. Et j’ai fait tout ce que j’ai pu aussi. Tout. Je n’ai rien à regretter aujourd’hui. Ca n’en reste pas moins difficile. Et je doute parfois.
J’ai du mal à accepter que tout ça n’ait servi à rien.
Que j’aie dû rendre exactement le poids de souffrance gagné en bonheur. Intensément. Il me semblait avoir déjà payé ce quota-là pourtant. Et en fait, non.
Absurdité. Injustice.
Allez, ça ne sert à rien de rester bloquée là-dessus… Alors j’embraye sur une autre chanson, une qui parle de liberté, celle-là, aussi amère soit-elle.
Parce que je ne me laisserais pas emprisonner, pour rien au monde et certainement pas pour cette chimère qu’on nomme amour.
Et tant pis si je me trompe.