Sous la surface

Mon meilleur ami

Les jours se suivent et se ressemblent…

Voilà, ça ne va pas mieux. Ce midi, déjeuner avec Mr Coquelicot, qui est super déprimé lui aussi à cause de sa copine avec qui ça va de plus en plus mal. Il veut rompre pour de bon, mais ça le fout en l’air (et voilà, j’avais encore raison, putain de bordel de merde!). Lui raconter tout depuis le début, pour le polichinelle, histoire de ne pas être en reste dans les peines de coeur…

On a donc prévu une super soirée de débauche et d’oubli vendredi soir… Qui vivra verra.

Rentrer à la maison et trouver une carte de mon meilleur ami, que j’attendais depuis un bon moment. Embrasser l’enveloppe tellement je suis heureuse d’avoir de ses nouvelles.

Mais ma joie a été de courte durée. Il ne va pas bien, pas bien du tout. Pas envie, pas le courage d’en dire plus, mais c’est grave. Bien plus grave qu’une peine de coeur cette fois.

Un de ces trucs qui bousillent, pour de bon. Dans quel état vais-je le retrouver ? J’ai peur, pour lui, pour sa vie. Je crois que ça résume tout. J’ai peur qu’il meure, là-bas, loin de moi, seul, dans la souffrance.

Il y a vraiment des gens que la vie n’épargne pas. Il en a pourtant déja suffisamment bavé…

Je fais souvent une différence entre hommes et femmes. J’en veux beaucoup aux hommes, pour de multiples raisons, et en particulier à cause de mon père, probablement, avec qui j’ai eu des relations passionnelles, trop peut-être (merci la psychanalyse...).

Mais je les aime autant que je les hais. Mes meilleurs amis et confidents ont souvent été des garçons, et mon instinct maternel (si instinct il doit y avoir) se réveille bien plus auprès d’hommes ou d’adolescents qu’auprès de bébés.

Le chagrin des hommes est terrible…

Je ne veux pas dire par là que nous autres filles/femmes nous souffrons moins, mais il me semble qu’on nous inculque plus à accepter cette fameuse vulnérabilité dont je parle souvent ces derniers temps.

Alors que comme le dit la fameuse chanson de Cure, "Boys don’t cry", et dès le plus jeune âge, on leur apprend à cadenasser leurs sentiments.

C’est pour ça que leur chagrin est terrible. C’est simpliste, mais vrai.

C’est pour ça aussi qu’on dit parfois que les femmes sont plus fortes. Elles sont conditionnées pour le chagrin, depuis des siècles. Alors forcément, elles ont développé une certaine résistance, une espèce d’acharnement à survivre malgré tout, à endurer tout en versant des litres de larmes.

Je peux réconforter une femme, et je sais que mes mots, même s’ils ne la consolent pas, vont la toucher.

Je peux réconforter une femme en lui insufflant du courage, parce que je sais que ce courage, cette obstination à vivre, est quelque part, même très loin, au fond d’elle.

Mais les hommes… Avec eux, les mots ne servent à rien. Avec eux, une seule chose compte : l’amour. Il faut les aimer plus fort qu’ils ne s’aiment. Il faut être le rocher qu’ils n’ont pas le droit de quitter, de lâcher. Il faut devenir, momentanément, leur raison de vivre.

C’est pour ça que je ne peux jamais les haïr complètement. Pour cette fragilité intense qu’ils ont parfois, pour ces blessures démesurées qu’ils ne savent pas guérir tout seuls.

J’ai peur pour lui, si loin de moi, mon frère et mon fils tout à la fois, celui, le seul, qui ne m’a jamais abandonnée et qui ne m’abandonnera jamais.

Mon meilleur ami.