Sous la surface

Fugitive.

Mais qu’est-ce que j’ai aussi en ce moment ?

À vouloir être comme tout le monde,
À vouloir entrer dans le moule à tout prix, quitte à me contorsionner dans la douleur ?

Je ne peux pas. Je n’y arriverai jamais. Ce n’est pas pour moi.

Je suis de plus en plus isolée, c’est certain.

Avec l’âge vient le renoncement. Et la plupart de mes congénères sont entrés dans cette phase.

Et les rebelles d’hier deviennent les conformistes réactionnaires de demain.

Ils font des gosses et achètent des maisons pour oublier leur ennui et la ruine de leurs ambitions de jeunesse.
Et ils n’attendent plus rien de la vie à part qu’elle coule sans heurts.

Ils sont déja devenus vieux. Ils ne se posent plus de questions. Ils avancent.

J’ai souvent remarqué que j’exerce une sorte de fascination sur les ados que je rencontre. A contrario les adultes ont tendance à se moquer ou à me mépriser.

J’ouvre une porte aux premiers. Une autre voie.
Je fais peur aux seconds. La différence.

Non, je n’entrerai pas dans les codes. Non, non et non !

Maintenant, arrêter de me torturer avec ces rêves qui ne sont pas les miens. Me retrouver.

Et oui, continuer à m’enfuir, à courir, ne jamais me laisser arrêter, enfermer, immobiliser.

Ne jamais porter d’étiquette. Ne jamais être personne. Changer, sans cesse, qu’on ne puisse jamais me définir.

Etre une fugitive de la vie.
Ne laisser aucune trace, aucun indice, aucune empreinte.
N’être jamais la même.

Une vie sans queue ni tête.

Une vie qui n’a pas de sens.

Une vie de liberté égoïste.