Sous la surface

Chut !

Je crois qu’en fait, cette année, j’ai simplement pris un vilain coup de vieux.

C’est étrange de réaliser que ce contre quoi on a lutté toute sa vie a fini par arriver et en même temps ne pas arriver.

Si je ne voulais pas vieillir, au départ, c’est que pour moi, "vieillir" signifiait "devenir pareille que les autres, renoncer à mes idéaux", donc changer. Alors qu’en fait, ce n’est pas ça, vieillir.

En ce qui me concerne, certains détails ont changé, mais au fond je suis bel et bien restée moi, et encore aujourd’hui je ne marche pas forcément dans le même sens que tout le monde.

C’est un soulagement de constater tout ça. Ca aide à accepter le reste, ces détails qui ont changé et qui me font parfois sentir rien d’autre qu’une vieille conne. Mais une vieille conne bizarre quand même, et finalement je crois que ça va être de plus en plus cool d’être bizarre…

J’ai pris un sacré putain coup de vieux, cette année. Enfin, l’an dernier pour être précise, à ce moment si particulier où je me suis dit que je voulais mourir. J’ai survécu, c’est sûr. Mais je suis morte aussi, une partie de moi s’est envolée durant ces jours-là.

Une partie de moi s’est libérée de ses chaînes, de sa prison de chair et d’obligations en tout genre. C’est comme si elle voletait quelque part dans l’univers, indépendante de moi.

Cette partie de moi fait sûrement la fête quelque part, elle boit trop et va vomir sur les chaussures de ses potes, elle tournoie dans des jolies robes et pleure en douce sur un amour absent. Elle est si vivante qu’elle en brûle parfois.

Et puis il y a moi d’aujourd’hui… Qui commence juste à digérer tout ce qu’elle a emmagasiné. Qui commence juste à classer toutes ces informations apprises par tant d’émotions.

Et voilà… De la simplicité. Je ne sais plus le reste, je ne sais plus le reste. Le calme. Les cris, l’agitation, l’extrême, le jeu, je ne les connais plus, je ne les comprends plus, je ne les désire plus.