Glosoli
Cette nuit, je n’ai pas dormi.
Chez moi, il existe des insectes qui font froid dans le dos et il se trouve que je suis tombée nez à nez avec l’un deux vendredi matin en me réveillant. Depuis, c’est la parano totale car il fait mauvais temps et ils rentrent davantage dans les maisons par mauvais temps…
Ce mauvais temps aussi, finit par me taper sur les nerfs. Normalement, on devrait dans une période de quasi-sécheresse et de chaleur intenable (pour certains, moi j’adore), or il fait froid, il y a des averses de folie et surtout, il y a le vent…
Ce vent me rend folle. Il ne s’arrête pas. Il siffle à travers mes volets et mes portes, rend impossible toute tentative de silence au-dehors. Ce n’est pas une brise légère comme d’habitude qui fait murmurer les arbres, ce sont de méchantes rafales qui secouent tout et troublent le repos. Au début, j’aimais bien, ça me rappelait des moments de grande fainéantise sous la couette, de l’autre côté de l’océan. Maintenant, il me rend réellement folle. J’ai envie de l’arrêter, ce qui prouve bien que je deviens folle…
Alors cette nuit, impossible de fermer l’oeil. J’ai passé la nuit sur l’ordi, sur internet. Je commençais à m’assoupir sur les trois-quatre heures, quand j’ai subi une attaque d’un autre insecte que celui que je craignais… J’ai cru que mon coeur allait lâcher tellement il battait vite, de peur. Je crois d’ailleurs que mon potentiel cardiaque commence sérieusement à diminuer à force d’inactivité physique et de tabagisme effréné. Je pourrais peut-être encore inverser la tendance, mais par quel miracle de volonté ?
Lorsque j’ai entendu les premiers oiseaux babiller, j’ai regardé par les interstices énormes de mes volets non hermétiques (interstices = trous béants), et j’ai vu les premières lueurs, caractéristiques de l’arrivée du soleil, toutes pâles. C’est à ce moment seulement que j’ai laissé mes yeux se fermer, soulagée…
Ma peur de l’obscurité s’enracine de plus en plus… C’est une angoisse bien difficile à maîtriser. Elle me semble d’autant plus impressionnante que je sais qu’elle appartient à une partie animale de moi, elle me réduit à une femme préhistorique et donc elle me relie aussi à l’humanité en général. Sans lumière dans la nuit, nous sommes tous étrangement démunis, vulnérables, donc craintifs… Nous avons appris à maîtriser la lumière, mais nous ne serons jamais capables de maîtriser le soleil…
J’ai encore huit heures à tirer avant qu’il ne revienne chasser mon angoisse… Ce n’est pas facile d’être une femme préhistorique sans tribu…