Je suis déja de retour. C’est passé vite. Remplie de sensations, comme à chaque fois que j’y retourne. Trop de sensations, moi je veux le vide parfait.

Evidemment, les souvenirs qui refluent comme de mauvaises odeurs. Bien sûr, trop de fantômes prêts à jaillir.

Et puis non, je passe mon tour, je n’irai pas remuer la vase, pas cette fois-ci. Avancer, surtout, avancer !

Quand on les connaît assez bien, les gens nous parlent et nous font pénétrer dans leur intimité. Et moi tout cela me perturbe. Je ne peux pas m’empêcher de me comparer (comparaison égale poison), de me dire que ça doit être agréable d’avoir ça ou ça, d’être comme ci ou comme ça… Alors qu’en fait, je sais bien que tout ça est faux.

Non, en ce moment moi je ne veux rien. Pour une fois moi je ne veux rien. À part me contenter de ce que j’ai, conserver le peu que j’ai. Pour une fois, je souhaite un statu quo.

Mon pote. Ses larmes et son désespoir. Difficile de ne pas se sentir impuissante, démunie. Je n’ai pu qu’être là. Je n’ai pu que lui donner quelques conseils. Je n’ai pu que le prendre dans mes bras. Peut-être que c’est déja quelque chose, peut-être que ça ne sert pas à rien.

Ce pays a quelque chose qui me tourne le sang. Qui nous tourne le sang à tous. C’est peut-être cette odeur si particulière qui nous enivre, qui nous donne envie de nous brûler comme un papillon à la lumière.

Je suis fatiguée mais je n’ai pas sommeil. J’ai sommeil mais j’ai peur de dormir… J’ai encore un peu de cette ivresse dans mes veines. Pays étrange qui nous pousse à la faute. Les délices de Capoue, comme je l’ai toujours dit. Comme une vieille malédiction jamais éteinte. Un refus silencieux de l’ordre établi.

Je crois que je vais le déserter pour quelques mois à nouveau. Encore trop d’influence sur moi. L’influence que je veux bien lui accorder. Aller voir ailleurs.

Aller voir ailleurs.

Je m’en suis trop rapprochée ces derniers temps.