Sous la surface

L'usure

Je n’avais plus de cigarettes alors je suis sortie en acheter. J’ai encore dormi tout l’après-midi. Ce n’était peut-être pas la meilleure chose à faire mais j’en ai profité pour acheter de l’alcool.

Je n’arrive pas à réfléchir plus de cinq minutes. Je n’ai qu’une envie : dormir, et même en ne faisant que ça dès que je le peux, je n’arrive pas à me sentir mieux… Ca me rappelle l’an dernier. Je n’aime pas ça.

Je suis incapable de projeter quoi que ce soit, ni même de me sentir malheureuse. Je suis une bûche, un poisson rouge. Je m’alimente quand je le peux puis je dors. Envie de rien de particulier. Ma vie à nouveau me semble condamnée. Rien ne va changer, au moins d’ici plus d’un an. Alors pourquoi rêver à autre chose, pourquoi ne pas rester cette brute qui mange, dort et travaille ?

La chaleur est enfin arrivée et quand je dors, je transpire. Mes cheveux ont donc cette odeur insupportable, acide, de pisse de chat. Je suis trop épuisée pour les laver ce soir, ça rajoute donc à cette impression d’être malade. Peut-être qu’en fait je suis malade ? Mais de quelle maladie ?

Ce que je ne comprends pas, c’est que ça allait et d’un coup, depuis lundi, bam ! ça ne va plus du tout… Incompréhensible. Marre d’être cette petite nature qui se fatigue pour un rien.

Cette nuit et ce matin, les baleines sont passées en face de chez moi. Je ne crois pas qu’on pouvait les voir depuis la plage, alors je ne regrette pas de ne l’avoir pas su plus tôt. Mais c’est quand même réconfortant pour moi de me dire qu’elles étaient là, tout près. C’était l’un de mes rêves d’ado d’en voir… J’en suis si proche, et plus la force de le faire aboutir…