Sous la surface

Malédiction

Par où commencer ?

Je devrais jouer aux jeux demain, parce que "heureux au jeu..."

Si j’avais écrit il y a environ sept heures, j’aurai été enthousiaste, pleine d’espoir et d’appréhension.

Maintenant je sais le résultat des courses et comme d’habitude, je n’ai pas misé sur les bons chevaux.

Je n’ai même pas envie de raconter. J’ai accepté l’idée, il y a bientôt deux ans, que l’antidote c’était l’amour. Je ne le cherche pas. Je l’attends.

En résumé, trois hommes (pourquoi ce chiffre, encore?). Depuis que je suis ici, seuls trois hommes ont retenu mon attention. Et j’aurais dû, ce soir, les voir tous les trois. Ils n’ont aucun rapport entre eux, donc coïncidence époustouflante, conjonction de Saturne et de la Grande Ourse ou je ne sais quoi d’aussi exceptionnel.

Je me prépare, je me fais belle. Je redeviens, l’espace d’une soirée, la fille de ma tribu de filles. Je porte en moi toutes leurs coquetteries réunies.

Mais conjonction encore plus exceptionnelle de Jupiter et de la Lune : aucun ne sera là, avec des excuses qu’aucune imagination n’aurait pu faire naître.

Ou comment le rêve vient parfois se heurter à la réalité si prosaïque que les étoiles en pleureraient…

Et me voilà, embriguée dans un scénario qui n’avait de sens que dans mes rêves et qui m’échappe.
Et me voilà, un peu trop grise, un peu trop fatiguée, m’affichant avec un homme qui ne m’intéresse pas mais que j’intéresse.
Et me voilà, dansant un corps à corps avec cet homme, lasse, si lasse.

Et me voilà, égale à moi-même, acceptant toujours les bras qui se trouvent autour de moi, puisque d’autres, espérés, ne le sont pas.

Egale à moi-même, prenant pour prendre, prenant pour gagner un peu de vie, un peu de temps sur la mort.

Et me voilà, me galvaudant, puisque probablement, quelque chose ici-bas m’est interdit. L’antidote m’est interdit. J’en ignore la raison. Il y en a sûrement une. Je suppose qu’un amour heureux m’enlèverait quelque chose. Mais quoi ?

Mais il y a pire…

Vers une heure du matin, découvrir deux sms de mon homme à moi, des mots déchirants, des mots d’amour.
Et pourquoi ? Pourquoi ce soir ?

M’en perdre un peu plus… Il n’est pas là.

M’en perdre et me voir danser ce corps à corps. Comme une justification à ses jugements. Il m’a toujours jugée. Inconstante par nature, insouciante et égoïste. Alors… si le jugement est fait, pourquoi encore être fidèle ?

Il ne m’a jamais comprise. C’est un fait.

Mais il y a pire encore…

Dans ces bras-là, enveloppée, fermer les yeux et laisser une image s’imposer. Au corps à corps avec un fantôme, pour mieux savourer le moment, pour me laisser aller.

Dans ces bras-là, laisser mon coeur choisir son chemin…

"Ce n’est pas toi qui me prend la main quand je pleure (tu n’as jamais supporté de me voir pleurer)
Ce n’est pas toi qui pense à moi, ce n’est pas toi qui entend ma voix, ce n’est pas toi qui me réclame, ce n’est pas toi qui me fait l’amour..."

Ce n’est pas toi qui danse avec moi.

C’est avec H que je dansais.

Quel coeur monstreux m’a-t-on donné ? Quelle mauvaise fée s’est penchée sur mon berceau ?
Celle qui distribuait l’amour.

C’est une malédiction.

Les dieux se jouent de moi.

Je me déteste quand je suis comme ça.

Je me déteste d’espérer un changement.

Je n’aurai jamais l’antidote.