Sous la surface

Sur quelques chansons

J’écoute une chanson que je connais par coeur. Je l’ai chantée à tue-tête dans ma voiture, des milliers de fois. Elle me donne l’envie d’être là-bas, et de danser.

De danser…

Aujourd’hui, j’ai déjeuné avec cette nouvelle collègue au boulot. Je l’aime bien. Je ne sais pas si c’est réciproque, mais je m’en ferais bien une super copine.

Je crois que je suis devenue une fille d’ici. Je peux, moi aussi, parler des trucs qui me font du mal en rigolant. Je peux à peine faire autrement, à présent, d’ailleurs. Je suppose que j’ai peut-être toujours eu ça en moi, cette force, cette insolence, cette envie de rester digne. Cette résistance passive. Quoi qu’il en soit, je me sens désormais plus à l’aise avec les femmes d’ici qu’avec les femmes de mon origine. Malheureusement, elles ne veulent pas vraiment de nous pour amies, et surtout elles n’ont pas besoin de nous, déja si entourées…

Et puis je ne suis pas d’ici, je suis une étrangère, et je ne dois pas l’oublier.

Une autre chanson, sur le même album. Celle que j’écoutais quand je pensais à H. "Ces bons moments passés, tu ne peux que me manquer". Sauf qu’H n’est pas mort, lui. L’autre soir, j’ai appelé B, je voulais qu’il me donne son numéro, s’il l’avait toujours, et qu’on en finisse. Heureusement, B n’a pas répondu. Et puis le temps passe, et j’écoute cette chanson sans pleurer. Enfin…

Tout ça se perd dans ma mémoire et comme je l’avais prévu, je ne sais plus, au final, ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Je ne sais plus démêler ce que j’ai rêvé de ce que j’ai vécu. Et c’est bien ainsi.

Encore une fois dans ma vie, je n’ai plus la moindre idée de ce que je vais devenir, de ce qu’il adviendra de moi dans les mois et les années à venir. Les plans que je faisais il y a encore moins d’un mois sont détruits et je n’ai guère envie d’en faire d’autres. Mon avenir est un grand point d’interrogation et ça ne me déplaît pas tant que ça. Tout est possible, ce qui m’empêche de me sentir prisonnière.

Cette dernière chanson. C’est celle qui aurait tendance à me mettre la larme à l’oeil à présent. Cette chanson dont le début m’évoque, irrémédiablement, cet avion qui s’envole et qui m’emmène, à jamais, loin de ce qui, au fond, ne m’a jamais appartenu.

Tout ce qu’on a ici-bas ne nous est jamais que prêté et peut nous être repris à tout moment, y compris la vie.

On ne peut rien retenir. Rien.

Et s’obstiner à retenir, c’est perdre des forces en vain.

J’aimerais ne plus jamais essayer de retenir quoi que ce soit.