Sous la surface

Ce n'est pas juste

En arrivant, j’ai bu une bière pour me décontracter (et parce qu’il fait très très chaud). Ca n’a pas eu l’effet escompté…

Comme d’habitude, j’ai oublié le pourquoi du comment.
Comme d’habitude, j’aurais besoin de bras autour de moi.
Ou peut-être juste d’une voix.
D’une voix amie.
D’une voix bienveillante.
D’une voix masculine.

J’ai eu le polichinelle hier, alors je ne vais pas abuser. De toutes façons, le réconfort n’est pas ce qu’il fait de mieux.

Mon homme à moi me fatigue à ne jamais m’appeler.

Alors j’ai appelé mon pote B, mais c’est son fils qui a répondu… Il doit me rappeler, autant dire que je peux creuser ma tombe en attendant, ça ira plus vite. Et puis il est trop loin de moi, à présent. Etrange comme finalement il n’y qu’avec les mecs avec lesquels on couche qu’on garde une réelle proximité....

J’écoute "Where is my mind" et je vais peut-être finir par regarder "Fight club" en buvant une autre bière.

Ou pas.

Je me sens immensément triste sans raison précise et je sais le nom que les toubibs posent sur ce phénomène.

J’ai envie de pleurer et je vais peut-être juste poser ma tête et pleurer.

Et ce n’est pas juste.

Ce n’est pas juste que je ne gagne pas. Parce que je me bats. Sans cesse. Je me bats tout le temps, tous les jours. Depuis longtemps.

Alors j’ai bien le droit d’écouter ma chanson préférée de Sigur Ros. J’ai bien le droit de sangloter, non ?

Même si je ne crève pas de faim, même si je n’ai pas vu d’atrocités, même si toute ma famille n’a pas crevé dans une guerre ou une catastrophe.

Parce que cette lutte sans fin et sans victoire, je la ressens comme une atrocité.

C’est injuste.

Et je réalise tout en pleurant que la pièce pourrait être remplie de tous ceux que j’aime, même H, même Dieu en personne, ça ne m’empêcherait pas de pleurer, enfin peut-être de pleurer, mais pas d’être si triste, d’avoir si mal, à l’intérieur.

C’est injuste.

Au moins, je peux pleurer. Sérieusement, c’est déjà énorme. Alors comme c’est déjà ça, je vais aller me préparer des cookies, parce que je n’ai rien envie de manger d’autres. Et je vais me préparer mes cookies en pleurnichant, puis je mangerai mes cookies en pleurnichant, et j’irai me coucher en pleurnichant. Avec un peu de chance, ça m’aura fatiguée de pleurnicher et je m’endormirai vite et je ferai de beaux rêves.

J’ai évidemment l’envie dévorante de monter dans le premier avion qui pourrait m’emmener quelque part où je n’ai jamais mis les pieds…