Intuition
Je ne sais pas encore si j’ai raison ou tort.
J’ai simplement suivi mon intuition. Et pour l’instant, je m’en sens soulagée.
C’est vrai, je me sens mieux. Il me suffit de relire mon précédent écrit pour voir le gouffre qui m’en sépare.
Alors je sacrifie peut-être beaucoup, peut-être l’essentiel, comme il a dit une fois. Je verrai bien. Ce ne sera pas un regret, je crois, juste un remords. Bien plus facile à gérer.
Etrangement, le même jour, tout est sorti.
Symboliquement, probablement.
Ce n’était pas prémédité. Je prévoyais de lui en parler, à cette nouvelle psy, mais pas ce jour-là. Ce jour-là, il y avait tellement plus à dire : ce revirement soudain, cette décision qui n’a rien à voir avec la raison. Juste une intuition. Ou plutôt une certitude intérieure, allant à l’encontre de tous les arguments longuement débattus, pesés, réfléchis.
J’ai tout déballé.
Dans le désordre.
Il fallait bien que ça arrive un jour. Ca me pesait trop, ce secret si bien enfoui, cette douleur certains jours insupportable, ces souvenirs qui s’effilochent de jour en jour.
Je lui ai parlé de lui. Je lui ai raconté. Presque tout.
J’ai eu l’impression que ça prenait des heures. Je voyais le soleil se coucher et la nuit s’installer, et tout en parlant je me disais qu’elle n’osait pas m’interrrompre et je me demandais quelle heure il pouvait bien être.
En fait, ça n’a duré que le temps conventionnel. Cinquante petites minutes. Mais pour moi le temps se dilatait.
Je n’ai jamais parlé de lui. Hormis à B, je n’ai jamais parlé de lui. Mais B ce n’était pas pareil, parce qu’il faisait partie de toute cette merde, finalement.
Je n’ai jamais parlé de lui à quelqu’un en donnant ma version des faits, sans interférences.
Je n’avais jamais raconté la vérité à qui que ce soit. Ma vérité.
Ca m’a semblé étrange que je le fasse le jour même où j’ai pris ma décision.
Avec quelques jours de recul, je comprends que ce n’est pas un hasard.
Je n’ai jamais règlé tout ça. Comment avancer encore avec ce boulet à mes pieds ?
Je n’ai jamais voulu tourner la page, parce que je savais que ce serait douloureux. Mais il faut que j’en passe par là. Et je vais le faire. Il le faut.
Tout est lié. Et je ne peux plus faire marche arrière. Objectivement, je pourrais encore, mais je n’en ai pas envie.
Je crois que j’ai pris la bonne décision.