Sous la surface

Je regrette

Et comme une conne, comme une grosse conne, alors que je viens d’écrire que je suis heureuse, il y a quoi ? une heure à peine ? je chiale, à gros sanglots, je chiale encore ces larmes que j’ai refoulées il y a maintenant quatre ans, ces larmes retenues qui ont failli me tuer d’être retenues

j’en ai encore… tellement il y en avait, j’en ai encore…

je ne l’accepte pas et voilà tout

je n’aurais jamais dû faire comme si de rien n’était
je n’aurais jamais dû m’enfuir
je n’aurais jamais dû faire semblant comme je l’ai fait

C’est tout ça que je regrette, Madame…

d’être partie, d’abord
de m’être enfuie
de n’avoir pas répondu à ce putain de téléphone parce que j’étais en train de me planquer comme une lâche
de ne pas avoir écouté tout ce qu’il y avait à écouter
et de ne pas avoir dit tout ce qu’il y avait à dire

Je regrette d’avoir eu peur.

Je regrette tellement…

Et c’est plus réparable. Je sais que c’est plus réparable. Et je regrette tellement.

Mais ce que ça fait du bien de l’admettre, bordel ! Ce que ça fait du bien de pleurer autant que je le veux et d’en parler à quelqu’un !

Ce que ça fait du bien de demander pardon, même si ce n’est qu’à moi-même, même si à lui je peux pas…

Qu’on me laisse chialer tout mon soûl, qu’on me laisse, qu’on me laisse avoir mal, qu’on me laisse !