Sous la surface

Oreille interne

Finalement, je suis allée travailler. L’idée de rester chez moi et de devoir affronter mon blues toute la journée m’effrayait tellement…

Et puis, j’avais eu beau traîner au lit bien après la sonnerie du réveil, impossible de me rendormir. Enfin, marre de me sentir en échec, besoin de prouver, à moi-même surtout, que je ne suis pas une petite chose fragile, ni une merde qui baisse les bras.

J’y pense sans cesse, et les larmes me montent aux yeux dès que je suis seule. En voiture surtout. Je ne sais pas pourquoi, je suis une vraie fontaine des moyens de transport. Voiture, train, avion, bateau… Dès que mon corps avance plus vite que mes pieds ne le pourraient, je chiale. Ca doit être un truc d’oreille interne, comme le vertige ou le mal de mer…

De toutes façons, j’ai trouvé une parade à mon chagrin. La même que d’habitude, puisqu’à présent je la maîtrise plutôt bien : je nie.

Mon imagination prend le relais encore une fois et vient en aide à cette pauvre réalité qui me déçoit une fois de plus.

Et dans mon imagination, dans ma vie rêvée, il m’aime éperdument. Il m’a dit de l’attendre, et je l’attends ; ce sont les circonstances qui nous séparent, et nous n’y pouvons rien.

Ca ne coûte rien d’attendre. Et j’en ai l’habitude. Alors…

À défaut de l’appeler, je vais lui écrire. Tous les soirs. C’est peut-être malsain, mais qui d’autre que moi en souffrira ? Et puisque c’est ainsi depuis le début…

Qui d’autre que moi a souffert de cette histoire, finalement ?

Je construis mon rêve, et mon rêve sera ma vie. L’essentiel est qu’au dehors rien ne paraisse.

Et mon coeur n’est que décombres…